Meta, numéro deux mondial de la publicité en ligne, a enregistré 40,59 milliards de dollars (35,16 milliards de francs suisses) de chiffre d'affaires, en hausse de 19% sur un an, dont il a tiré 15,69 milliards de bénéfices (13,59 milliards de francs suisses, +35%), soit plus de deux milliards que ce à quoi s'attendaient les analystes.
Le patron Mark Zuckerberg a salué lors d'un appel avec des analystes un «bon trimestre» qui a vu «la vision à long terme sur l'IA» devenir le centre de l'attention. Meta utilise déjà largement la technologie pour recommander des contenus et faire du ciblage publicitaire auprès de ses milliards d'utilisateurs – 3,29 milliards en septembre – et «c'est l'une des raisons de l'augmentation de son chiffre d'affaires», souligne Debra Williamson, de Sonata Insights.
Selon Mark Zuckerberg, plus d'un million d'annonceurs ont utilisé ses outils de génération de contenus grâce à l'IA le mois dernier. Et les algorithmes de recommandation ont permis au temps passé sur ses applications d'augmenter (+8% sur Facebook et +6% sur Instagram cette année). «La croissance solide des revenus de Meta ce trimestre aidera à écarter les inquiétudes sur ses investissements dans l'IA», observe Debra Williamson. Mais l'action perdait 2,60% vers 22h30 GMT (23h30 en Suisse) lors des échanges électroniques après la clôture de Wall Street.
Des investissements continus dans l'IA
Le déploiement d'outils sur le modèle de ChatGPT, permettant de produire des contenus sur simple requête en langage courant, a forcé les géants de la tech à mettre la main au portefeuille, la technologie nécessitant de coûteuses infrastructures informatiques, beaucoup d'énergie et une armée d'ingénieurs très qualifiés. Meta a encore une fois mercredi revu à la hausse ses prévisions d'investissements en capitaux: rien que pour 2024, il prévoit une fourchette de 38 à 40 milliards de dollars (contre 37-40 milliards auparavant).
Le rythme ne ralentira pas en 2025. Mark Zuckerberg a souligné la nécessité d'investir «plus» dans les applications de l'IA pour son corps de métier (publicités et engagement sur les réseaux sociaux), avec «de forts retours sur investissements prévus dans les prochaines années».
Pour tenter de prendre la tête de la course des compagnons/assistants dopés à l'IA, Meta mise sur les conversations avec les utilisateurs de ses applications grâce à la nouvelle version présentée en avril de Meta AI, son assistant qui répond aux questions des utilisateurs, comme ChatGPT. Meta AI a gagné en visibilité sur les plateformes du groupe et en compétences grâce à Llama 3, la dernière version du modèle d'IA de Meta, comparable à GPT-4 (OpenAI) et Gemini (Google).
- Le «cloud» tire les résultats de Microsoft
Les concurrents de Meta qui mènent la danse sur l'IA, Alphabet (Google) et Microsoft, ont eux aussi dépassé les attentes avec leurs résultats trimestriels. Le bénéfice net pour ce qui est le premier trimestre comptable de Microsoft (de juillet à septembre) s'affiche à 24,7 milliards de dollars (21,40 milliards de francs suisses), en hausse de 11% sur un an, selon un communiqué. Rapporté par action, indicateur le plus scruté par Wall Street, il ressort à 3,30 dollars, soit mieux que les 3,10 dollars projetés par les analystes, selon un consensus établi par FactSet.
Comme lors des trimestres précédents, le groupe de Redmond (Etat du Washington) a été tiré par le «cloud», c'est-à-dire les services d'informatique à distance que propose Microsoft aux clients, surtout des entreprises, qui leur sous-traitent le stockage et la gestion de leurs données informatiques. Le chiffre d'affaires du «cloud" a progressé de 22% sur un an, soit plus rapidement qu'au trimestre précédent (+21%).
La plateforme Azure, utilisée par les clients du «cloud», a elle enregistré une croissance encore supérieure (+33%), une cadence également supérieure à celle de la période allant d'avril à juin.
Au total, le chiffre d'affaires a augmenté de 16%, à 65,6 milliards de dollars (56,83 milliards de francs suisses). Matt Britzman, analyste d'Hargreaves Lansdown, a relevé la hausse de 12%, soit au-dessus des attentes, de la division Productivité et outils professionnels, dont les services intègrent l'intelligence artificielle à leur offre. Cela «accrédite la thèse selon laquelle les grands opérateurs du cloud sont bien positionnés pour tirer profit de la demande d'IA», selon l'analyste.
Hausse effrénée des coûts
Sur le trimestre, le groupe a gagné, en net, deux millions de clients à son portefeuille d'abonnés à sa suite logicielle Microsoft 365, qui totalise désormais 84,4 millions d'utilisateurs.
L'entreprise a centralisé les capacités de l'IA dite générative dans l'assistant virtuel Copilot, qui permet aux utilisateurs de Microsoft 365 abonnés à ce service de réaliser plus rapidement certaines tâches.
Le fait que le bénéfice s'accroisse moins rapidement que le chiffre d'affaires tient au rythme effréné d'augmentation de ses coûts (+23%).
Microsoft l'a justifié par l'effet de l'absorption de l'éditeur de jeux vidéo Activision, finalisée il y a un an, ainsi que par des investissements dans le «cloud». Sur ce seul trimestre, le géant informatique a consacré 20 milliards de dollars au «cloud» et à l'IA. La marge brute de Microsoft dans les deux divisions incluant du «cloud» a légèrement décru du fait du déploiement de nouvelles capacités d'IA, a indiqué l'entreprise.
La directrice financière Amy Hood a indiqué, durant la conférence téléphonique de présentation des résultats, que les investissements allaient encore accélérer durant le trimestre en cours et que les marges seraient inférieures à celle de la même période de l'an dernier. L'annonce a crispé le marché, d'autant que la responsable a dévoilé des prévisions de croissance moins soutenues que durant le trimestre écoulé dans la division Productivité et outils professionnels.