Joe Biden a «exhorté» mardi l’USMX «à venir à la table et à présenter une offre équitable aux travailleurs», pour éteindre une grève aux conséquences économiques potentiellement très importantes. «Les transporteurs maritimes ont réalisé des bénéfices records depuis la pandémie», a relevé le président démocrate, soulignant que dirigeants et actionnaires en avaient bénéficié.
Selon lui, «il n’est que justice que les travailleurs, qui ont pris des risques pendant la pandémie pour maintenir les ports ouverts, voient également leur salaire augmenter de manière significative».
45 000 grévistes
Il a écarté l’activation de la loi Taft-Hartley – déjà utilisée pour des grèves de l’ILA avant 1977 –, permettant d’imposer un moratoire de 80 jours. «Il est temps que l’USMX négocie un accord juste avec les dockers qui reflète leur contribution importante à notre reprise économique», a commenté la porte-parole de la Maison Blanche.
L’USMX a défendu son offre mardi, rappelant qu’elle incluait une hausse salariale de «près de 50%». D’après des médias américains, le syndicat réclamait 77% initialement. «Nous avons démontré notre engagement à effectuer notre part pour mettre un terme à la grève de l’ILA qui était totalement évitable», a affirmé l’Alliance.
Le contrat social concerne 25 000 adhérents, travaillant dans les terminaux de conteneurs et d’import/export de véhicules de quatorze grands ports (dont Boston, New York, Philadelphie, Baltimore, Savannah, Miami, Tampa, Houston). Le syndicat avait prévenu dimanche que tous ses membres allaient tenir des piquets de grève dès mardi 00h01, «rejoints en solidarité par des dockers et des travailleurs maritimes dans le monde entier».
Il a précisé que ses 45 000 membres travaillant dans les 36 ports de l’USMX étaient en grève, la première d’ampleur sur la côte américaine depuis 1977. Le transport d’hydrocarbures et de produits agricoles, ou encore les croisières ne devraient néanmoins être que très faiblement, voire pas du tout, affectés.
Pas d’arrêts durant le covid
«Nous avons travaillé durant le covid, nous ne nous sommes jamais arrêtés. On a permis au monde de continuer à fonctionner», a rappelé Jonita Carter, docker depuis 23 ans. Elle faisait partie des quelque 200 manifestants rassemblés devant le site de Maher Terminals, l’un des plus importants de Port Elizabeth, le grand port de New York-New Jersey.
Un peu plus loin, ils étaient environ le double massés devant les installations d’APM Terminals, un autre opérateur. «Nous ne demandons pas grand-chose, la petite part à laquelle nous avons droit», a lancé Jonita Carter. «Avec l’automatisation, nous allons perdre nos emplois.» L’ILA réclame une revalorisation conséquente des salaires et le gel de toute automatisation des ports. L’Alliance reprochait au syndicat de refuser toute discussion depuis des semaines, empêchant de ce fait une entente sur le nouvel accord de six ans.
Coup dur au PIB
Des importateurs et exportateurs avaient pris les devants en expédiant leurs produits à l’avance. D’autres ont opté pour un déchargement sur la côte ouest, plus coûteux en temps et en argent depuis l’Europe. Mais les ports de la côte ouest, couverts par un accord social distinct conclu en 2023 qui leur interdit de faire grève, pourraient perturber les activités par solidarité et ils disposent de peu de capacités disponibles. Par ailleurs, les ports canadiens ne pourraient absorber du trafic supplémentaire venu des Etats-Unis, d’autant qu’ils subissent aussi des mouvements sociaux, comme Vancouver la semaine dernière et Montréal bloqué depuis lundi.
Oxford Economics estime que chaque semaine de grève amputerait le PIB américain de 4,5 à 7,5 milliards de dollars. Selon le cabinet Anderson Economic Group (AEG), la première semaine de débrayage devrait coûter 2,1 milliards de dollars, dont 1,5 milliard en marchandises perdues (comme des denrées périssables).