Peter van Agtmael: «Une photographie peut changer le monde si la société est prête à ce changement»
Le photographe de l’agence Magnum publie «Look at the U.S.A.», des clichés de l’ère post-11-Septembre pris aux Etats-Unis, en Irak ou en Afghanistan. Le récit d’une époque dont les conséquences bouleversent toujours le Moyen-Orient
Peter van Agtmael avait 20 ans lorsque le vol AA11 s’écrase contre la tour nord du World Trade Center à New York. Vingt-deux, lorsque les Etats-Unis envahissent l’Irak. Il fait partie de ce qu’il appelle la «génération 11-Septembre», marquée par ce mardi noir et les guerres tout aussi noires qui suivront en son nom. Dans Look at the U. S. A., le photographe de Magnum juxtapose des clichés pris avec l’armée américaine en Irak ou en Afghanistan avec celles de vétérans mutilés ou de la «war on drugs» dans les quartiers abandonnés de Baltimore, ou de la Eight Mile Road qui traverse Detroit, séparant la classe moyenne blanche des quartiers pauvres afro-américains. Dans son objectif aussi, la base de Guantanamo. Autour du camp de prisonniers, un McDonald’s et une boutique de souvenirs qui vend un t-shirt rose vif sur lequel trône une tête de squelette avec un nœud sur la tête: «Lil Princess, Guantanamo Bay», écrit-il. Ses photos sont ponctuées d’observations, de témoignages et de souvenirs personnels.
A quelques semaines de la présidentielle américaine – pour laquelle Le Temps a publié une série de reportages réalisés en partenariat inédit avec la célèbre agence Magnum –, Peter van Agtmael plonge avec nous dans les «fragments» de cette ère post-11-Septembre qu’il a récoltés. Parce que «l’histoire aide à clarifier le présent», il photographie son pays pour donner du sens à ses images des guerres.