Le 20e anniversaire du Forum des 100: revivez les débats
Durant le 20e Forum des 100, qui s’est déroulé ce jeudi, le conseiller aux Etats vaudois Pierre-Yves Maillard a annoncé une nouvelle initiative sur la caisse unique. Le conseiller fédéral Beat Jans a voulu rassurer à propos des négociations avec l’UE. Revivez l’événement à travers notre suivi
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L’essentiel
La 20e édition du Forum des 100 s'est déroulée ce jeudi 31 octobre 2024.
Le conseiller aux Etats (PS/VD) Pierre-Yves Maillard, président de l’USS, a annoncé l’organisation, l’année prochaine, d’une nouvelle initiative populaire visant l’instauration d’une caisse unique.
Le conseiller fédéral Beat Jans a rappelé sa volonté que le gouvernement trouve un accord avec l’UE dans le cadre des nouvelles bilatérales.
Et donc, à quoi sert la Suisse romande?
Les conseillères et conseillers d'Etat de six cantons – Berne s'est fait excuser pour cause de séminaire gouvernemental – ont répondu à leur manière à la question du jour.
Ces déclarations enflammées nous offrent l'occasion de clore ce suivi ici. A octobre 2025!
Rosalie Beuret (JU): «La Suisse romande agit, défend ses intérêts et essaie de faire avancer les choses.»
Nathalie Fontanet (GE): «La Suisse romande a toujours été un incubateur d’idées, il faut qu’on se souvienne que les bons offices, le secteur bancaire ou encore l’horlogerie ont tous transité par la Suisse romande. La Suisse romande sert a agité la Suisse alémanique, on doit avoir une partie de la Suisse un peu plus impertinente et la Suisse romande tient ce rôle.»
Christelle Luisier (VD): La Suisse romande ne sert pas à proprement parler pour quelque chose, mais elle existe pour l’ensemble de sa population. Il y a la Suisse romande, il y a nos cantons. Ce qu’on a en commun c’est de vouloir travailler pour améliorer la vie culturelle, politique de nos habitants. La Suisse romande c’est une part de l’identité de la Suisse. Un des ciment de notre pays, c’est notre culture politique différente de celle de nos voisins. Si vous enlevez une grosse partie du puzzle, ce n’est plus la Suisse.»
Florence Nater (NE): «Sans Suisse romande il n’y a pas de Suisse. Nous avons nos divisions mais nous arrivons très bien à collaborer. On voit que dans l’asile, qu’a mentionné Beat jans tout à l’heure, les cantons romands font entendre une voix et proposent des solutions.»
Franz Ruppen (VS): «La Suisse romande sert à l’ensemble du pays. Sans Suisse romande il n’y a ni fondue, ni raclette, ni Christian Constantin.»
Jean-François Steiert (FR): «La Suisse romande n’a pas de majorité au National, ni aux Etats. Elle existe car elle a des valeurs qu’on peut mesurer. La question est le défi de la croissance, le rail, les pistes cyclables, l’agriculture prennent de la place. Tout le monde est d’accord qu’il faut mieux utiliser l’espace, mais il faut penser à toute une série d’infrastructures, et que des individus isolés ne puissent pas freiner les projets sans fin.»
Le point de vue d’outre-Sarine: «Ils n’ont rien mais ils ont le sourire»
Avant l’ironie cinglante de Reto Zenhäusern, notre correspondant en Suisse alémanique s’était lui aussi posé la question du point de vue d’outre-Sarine.
Demander aux Alémaniques à quoi «sert» la Suisse romande dénote déjà d’une certaine hubris romande. Il faudrait peut-être commencer par être sûr qu’ils en aient entendu parler. De fait, la Suisse francophone ne contient ni la capitale fédérale (ni le pouvoir sous la Coupole), ni la plus grande ville de Suisse, ni les éléments topographiques appartenant à la cosmogonie romantique nationale – comme le Grütli – ou les personnages légendaires – comme Guillaume Tell, Winkelried ou Heidi. Aucun canton romand ne pratique, ni n’a jamais pratiqué, la fameuse Landsgemeinde, symbole archétypique – en Suisse et à l’étranger – de la sacro-sainte démocratie participative suisse.
La séquence comique: la leçon de Reto Zenhäusern
Reto Zenhäusern, patron alémanique [alias Vincent Kucholl], s'adresse à cette «petite élite de Suisse romande». «Après cette trop longue matinée, vous allez pouvoir faire ce que les Romands aiment tellement faire, boire du vin. A quoi sert la Suisse romande? C’est typiquement une question idiote, de looser! Est-ce que le canton de Zurich se demande à quoi il sert?»
Sur ce thème de la «self estime», l'investisseur raconte sa vie puis intime à son assistance francophone de s'assumer: «Vos barrages? Plus haut! La liquidation de Vetropak? Plus vite! La musique de Renaud Capuçon? Plus fort! Mais «merci de ne pas ronfler pendant la sieste, il y a des gens qui dorment.» Et de toute manière, «vous pouvez prendre toute la self estime que vous voulez, nous vous écraserons quand même.»
L’idée romande s’essouffle-t-elle?
Le forum des 100 participe-t-il d’une «trop grande autocélébration»? Alain Jeannet, l’un des créateurs du Forum il y a 20 ans, s’interroge. Il relève «un essoufflement de l’idée romande, signalant par exemple le fait que «la place médiatique romande est en train de s’éroder; Il faut peut-être un peu se réveiller.»
Un autre usage de l’IA
Nous entrons dans l’ère des «mini-supercalculateurs», assure André Anjos, chercheur à l’Idiap dans le domaine de la santé. Cet institut basé en Valais relie des plateformes afin d’entraîner des modèles «et que les travaux puissent être ensuite validés en clinique». Il présente ainsi succinctement un autre usage de l’intelligence artificielle (lire plus bas).
«Monsieur Lavrov se fout de notre gueule»
Invitée à rejoindre la scène du SwissTech Convention center, Micheline Calmy-Rey revient sur le poids de la Suisse romande dans les relations internationales. «La Suisse romande joue un rôle particulier étant donné la présence des organisations internationales et sportives à Genève et Lausanne, souligne-t-elle. Elles permettent a la Suisse de briller sur la scène mondiale, plus qu’elle ne le pourrait au vu de sa taille». Quid de la neutralité suisse? questionne notre journaliste. «La neutralité a un objectif de cohésion entre la Suisse alémanique et romande, estime Micheline Calmy-Rey. Dans la réalité, la pratique de la neutralité n’a pas bougé depuis les années 1990. […] Le cœur de la neutralité, c’est la renonciation à la violence. C’est une valeur importante qui met l’accent sur la capacité à mettre en avant des solutions diplomatiques».
En avril dernier, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, estimait pourtant que la Suisse s’était transformée d’un pays neutre en un pays «ouvertement hostile» envers la Russie et qu’elle n’était plus adaptée aux négociations sur le conflit ukrainien. «M. Lavrov, je le connais. Il sait précisément à quoi s’attendre avec la neutralité suisse. Il se fout de notre gueule», tance alors Micheline Calmy-Rey.
Dans quel canton, en 10 ans, les aides sociales ont-elles augmenté le plus?
C'est la dernière question, et la réponse est le Jura. La conseillère d’Etat Rosalie Beuret réplique: «Il y a d’autres éléments qui ressortent, pas seulement les clichés. Le PIB jurassien est aussi l’un de ceux qui a le plus augmenté. Notre taux d’aide sociale reste assez bas, mais cette question permet d’aborder le thème de la pauvreté. Dans le Jura, nous voulons agir dans le domaine du non-recours à l’aide sociale. Un quart de la population n’y recourt pas. Dans le cadre de notre programme de lutte contre la pauvreté, nous avons lancé un plan, Julia Julien, afin de réduire les inégalités.»
Quel est le canton qui a enregistré le plus d'infrations au code de la route durant les 10 dernières années?
On précise qu'il ne s'agit pas de contraventions. Il s'agit de Genève. Le verdict est «très net», précisent les journalistes du Temps.
«Ce résultat me fait plaisir!», sourit la ministre Nathalie Fontanet: «Cela montre que nous avons bien investi dans nos outils de surveillance, et que notre dispositif fonctionne bien. Les Genevois ne sont pas plus rebelles que les autres, ils se font plus souvent prendre qu’ailleurs.»
Quel est le canton où les loyers ont connu la plus forte progression en 20 ans?
Vaud, et pas Genève comme certaines et certains l'ont pensé.
Présidente du collège, Christelle Luisier analyse: «Dans le canton de Vaud, nous devrions construire 5000 logements par année, nous en bâtissons 4000. Nous devons travailler sur la quantité et la qualité – typiquement, des quotas de logements d’utilité publiques. Nous avons des outils pour juguler cette hausse des loyers, pour offrir des logements abordables, avec, au niveau des quartiers, des systèmes de bonus et de quotas.»
Quel est le canton qui a le plus haut taux de voitures électriques?
Le Valais. Le conseiller d’Etat Franz Ruppen: «Le canton du valais a mis sur pied un programme de soutien à la mobilité durable, nous voulons inciter la population à acheter des voitures électriques. Nous avons mis des sommes importantes pour cette incitation.»
Le quiz des cantons romands: quel est le canton qui a connu la plus forte hausse ces 20 dernières années?
C’est l’heure du quiz. A la question «Quel est le canton qui a connu la plus forte hausse de sa population?», un tiers des participants a répondu juste. C’est Fribourg.
Son ministre Jean-François Steinert explique: «Nous nous trouvons entre une région qui se développe vite, l’arc lémanique, et la Suisse alémanique. Nous n’avons pas prévu de lever une armée pour envahir le canton de Vaud. Les frontières sont là, mais nous collaborons. La question est le défi de la croissance, le rail, les pistes cyclables, l’agriculture prennent de la place. Tout le monde est d’accord qu’il faut mieux utiliser l’espace, mais il faut penser à toute une série d’infrastructures, et que des individus isolés ne puissent pas freiner les projets sans fin.»
Il y a 20 ans, dans les archives du «Temps»: Par-dessus les rösti
Puisque Beat Jans parlait de rösti (lire plus bas), notre collègue Olivier Perrin, plongeant dans les archives du Temps, s'est demandé: Comment les Romands ont-ils accès à la Suisse alémanique? Il y a presque vingt ans, par l’humour sans doute. Un livre-objet recensé par Le Temps le 9 septembre 2005 était signé du grinçant «röstigrabologue» Laurent Flutsch, archéologue, satiriste, bon vivant et alors directeur du Musée romain de Lausanne-Vidy. C’était le catalogue de son exposition Rideau de rösti – visitée par ce même média un semestre plus tôt – qui explorait les «différences culturelles, supposées ou réelles, qui coupent la Suisse en deux».
Alors que ce fut dit une fois pour toutes: «Aux Romands, le culte de la «bagnole» et de l’Etat social, l’antimilitarisme, la peur du gendarme et du loup, les rösti à l’huile et le Cenovis. Aux Alémaniques, les mêmes patates cuisinées au beurre ou au saindoux, la crainte de l’étranger et de la chouette, et l’amour de la chose bien faite.» Il y aurait donc un plus grand je-m’en-foutisme de ce côté-ci de la Sarine? «A l’âge du bronze, répondait Flutsch, la manière de planter les pieux dénotait, au sud du Plateau, de moins de perfectionnement.» Question de rappeler que «la diversité culturelle est une richesse». Et que dans cette exposition comme dans la réalité, le Rideau de rösti était là «pour être franchi».
Le conseiller fédéral discute à notre stand
Une question à poser à Beat Jans? C'est le moment de venir au Centre de congrès de l'EPFL, au 20e Forum des 100.
Pause
Au Centre de congrès, c'est pause réseautage.
Beat Jans sur l'UE: «Il ne faut ni gagnants, ni perdants»
Sur la question des négociations avec l'UE, Beat Jans pose trois principes: l'accès sans entrave des entreprises suisse au marché européen; la Suisse et l’UE doivent pouvoir régler leur différend par un mécanisme juridique; la Suisse veut pouvoir conclure de nouveaux accords bilatéraux, par exemple pour renforcer l’approvisionnement en électricité.
A la question de savoir s'il en fait une affaire personnelle, il répond: «J’ai beaucoup d’affaires personnelles… Je suis convaincu que c’est dans l’intérêt national. Il ne doit pas y avoir des vainqueurs et des perdants.»
« A quoi sert la Suisse romande ? » Question un brin provocatrice que celle posée par le Forum des 100, événement organisé par @LeTemps. Cette question, je ne me la pose pas. L’important, c’est ce qui nous relie, et non ce qui nous divise.
— Beat Jans (@beat_jans) October 31, 2024
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L'arrivée du ministre fédéral
Peu avant son allocution, Beat Jans est arrivé au Centre de congrès de l'EPFL.
Beat Jans: «On parle beaucoup du röstigraben parce que les rösti, c’est croustillant»
A quoi sert la Suisse romande? Le conseiller fédéral Beat Jans (PS/BS) a fait ses devoirs et répond avant même qu'on ne le lui demande.
Je ne me pose pas cette question. A quoi sert Uri? Le Tessin? La démocratie directe? Le Conseil fédéral? Tous servent la Suisse. Il y a un monde entre Zurich et la Suisse alémanique, mais je peux vous assurer qu’il y a aussi un monde entre Bâle et Zurich. On parle beaucoup du röstigraben parce que les rösti, c’est croustillant. Mais il y a d’autres différences aussi profondes, peut-être plus profondes, que ce fossé-là.
Un accord avec l’UE? Le gouvernement «transférera le débat au parlement»
Avant l’arrivée sur scène de Beat Jans, Pierre-Yves Maillard, camarade de parti, est interrogé sur la question d’une entente avec l’UE. Il se montre assez sombre: «L’accord ne sera peut-être pas bouclé en décembre. J’ai l’impression que le Conseil fédéral ne veut plus porter la responsabilité d’un échec, je pense qu’il voudra transférer la suite du débat au parlement.»
Pierre-Yves Maillard évoque sa «dernière tâche», contre la hausse récurrente des primes d'assurance maladie
Il y a 20 ans, Pierre-Yves Maillard était élu au Conseil d’État vaudois, aux Affaires sanitaires. Il parlait déjà de problèmes de coût de la santé.
Rien n’a-t-il changé?
Une action au niveau cantonal. «C’est un constat un peu dur», lance-t-il. «Nous avons fait notre travail, nous n’avons pas dilapidé notre argent pour des opérations coûteuses en cliniques privées», plaide-t-il, évoquant également la création de l’hôpital valdo-valaisan de Rennaz.
Un nouveau projet fédéral. La prime par tête «reste une aberration», lance l’actuel conseiller aux Etats et président de l’USS, mais «on voit que le poids de la prime est conforme à la moyenne suisse dans le canton de Vaud, ce qui n’était pas du tout le cas il y a 20 ans».
Il ajoute: «Ma dernière tâche, ce sera d’agir sur la prime [d'assurance maladie] pour forcer à une forme de mutualisation». A Valère Gogniat qui saute sur cette expression testamentaire de «dernière tâche», il s’empresse d’ajouter: «C’est un long travail…».
Il parle donc d’un projet d’initiative populaire pour l’année prochaine, «qui puisse être aussi lisible que celle de la 13 rente AVS».
«La géopolitique va rester un facteur important»
Jean-Pascal Baechler, responsable de l’Observatoire BCV de l’économie vaudoise prend place sur la scène du SwissTech Convention center. Il vient analyser le PIB romand sur les vingt dernières années et estime que l’évolution de la situation géopolitique revêtira une importance particulière pour la Suisse romande. Entre 2005 et 2024, la progression du PIB roman a atteint 49,5%, soit davantage que la moyenne suisse (+43%) et nettement plus que la moyenne des pays industrialisés (+36,5%).
Il y a 20 ans, dans les archives du «Temps»: Les drogués du BlackBerry
Notre collègue Olivier Perrin a plongé dans les archives du Temps à l'occasion des 20 ans du Forum. Il note qu'en 2005, les nouvelles victimes du Mal s’incarnaient dans «les drogués du BlackBerry», ce petit appareil noir qui permettait de «recevoir ses e-mails en direct», écrivait Le Temps du 7 avril. «Ils sont aujourd’hui 2,51 millions […] plus du double d’il y a un an.» Research in Motion (RIM), la firme canadienne qui fabriquait le BlackBerry, poursuivait «sa croissance fulgurante».
Ses appareils étaient «extrêmement simples à utiliser, fiables», mais faisaient déjà de vous des geeks, d’autant que RIM avait récemment eu «l’intelligence de vendre, sous licence, son système à Motorola, Siemens, Nokia, Samsung et Sony Ericsson». Les premiers téléphones BlackBerry commençaient à apparaître. De plus, les suivants promettaient une intégration des messageries instantanées de Yahoo! et d’AOL. Ce, moins de deux ans avant l’étape spectaculairement disruptive du premier iPhone. On mesure le chemin parcouru?
La Suisse romande sert à trouver un mari, ou à embêter les Alémaniques
Interrogé à propos du thème du jour, «A quoi sert la Suisse romande?», Antje Kanngiesser, patronne d'Alpiq venue d'Allemagne, lance: «Elle m'a bien servie, personnellement, j'y ai trouvé mon mari. Mon meilleur choix.»
Gérard Delsad, de Vitol, lui, dit que «la Suisse romande sert à embêter la Suisse alémanique».
Premier panel: vers l’indépendance énergétique, la place de la Suisse romande
Place à la première table-ronde de la matinée. Aline Bassin, cheffe de la rubrique économie du Temps est rejointe sur scène par Gérard Delsad, CEO de Vitol, Antje Kanngiesser, CEO d’Alpiq et Christian Petit, CEO de Romande Energie. «Quelle est la place de la Suisse romande dans la production d'énergie?», questionne Aline Bassin. «Le poids de la Suisse romande en matière d’électricité est supérieur au poids de la Suisse romande dans le PIB», illustre alors Christian Petit (Romande Energie).
Celui-ci ajoute: «La clé des énergies renouvelables, c’est que l’on puisse les mixer, pensez à la production entre été et hiver. Pouvoir avoir un mix. Mais le citoyen n’est pas toujours prêt à accepter ce mix, lié aux nuisances dues aux barrages par exemple.»
« Vous ne pouvez pas toujours déléguer à vos voisins le fait de vous alimenter ». autonomie, mix énergétique, impacts géopolitiques, infrastructures…Débat passionnant sur l’énergie au #ForumDes100 @BassinAline @RomandeEnergie @Alpiq #Vitol @LeTemps pic.twitter.com/Dksv5w6up5
— berengereb (@berengereb) October 31, 2024
Peter Brabeck-Letmathe: «La Suisse romande est très attractive grâce à ses infrastructures intellectuelles»
La session de discussion continue. L’ancien président de Nestlé, Peter Brabeck-Letmathe, pose son regard sur 20 ans d’économie en Suisse. «Pour les entreprises, la Suisse romande est très attractive grâce à ses infrastructures intellectuelles», souligne-t-il. «L’EPFL, l’école hôtelière… La proximité de ces centres est très importante pour les entreprises.»
Interrogé sur les relations entre Nestlé et la Suisse romande, Peter Brabeck-Letmathe se montrait optimiste lorsqu’il était à la tête de l’entreprise veveysanne. «J’avais assuré que la relation avec la Suisse romande s’améliorerait. J’ai visité les communes, le monde politique. Finalement, ça n’a jamais changé, et ça ne changera pas, lance-t-il sur la scène du Forum des 100. Pour la Suisse romande, une compagnie comme Nestlé est trop grande.» Et d’ajouter: «La Suisse romande représente un équilibre très important pour le pays. On le voit dès qu’il y a des votations.»
Qu’il s’agisse de la Suisse ou de l’Europe, l’ancien président déplore les difficultés que rencontrent les compagnies voulant innover: «Le principe de précaution est trop lourd. Vous devez toujours, d’abord, prouver que votre solution est sans danger, ce qui ralentit tout.»
«En Suisse, le principe de précaution nuit à l’innovation.» L’acien patron de #Nestlé Peter Brabeck-Letmathe au #ForumDes100. pic.twitter.com/HmL1ZUeWmV
— Grégoire Nappey (@GNappey) October 31, 2024
«La discrimination et la désinformation sont les plus grands problèmes qui découlent de l’IA»
Notre journaliste Valère Gogniat est rejoint sur scène par Anne-Sophie Morand. L’avocate et data gouvernance counsel vient évoquer le rôle de la Suisse dans la gouvernance de l’IA. «L’IA est de plus en plus présente dans notre vie. De DeepL aux recommandations de films sur Netflix, l’IA est partout. Il suffit de considérer ces quelques exemples pour se rendre compte que sans elle, notre vie serait complètement différente», souligne-t-elle.
Si l’IA a ouvert les champs du possible, elle continue de soulever de nombreux défis souligne, par ailleurs, Anne-Sophie Morand: «Je pense que la discrimination et la désinformation sont les plus grands problèmes qui découlent de l’IA. Il est crucial de les aborder».
Entre précaution et proactivité
Après avoir rappelé les grands principes de la loi européenne sur l’intelligence artificielle, , Anne-Sophie Morand interroge le cadre légal suisse. «Pourquoi la Suisse n’avance pas plus vite dans ce domaine? Un état des lieux complet est nécessaire. Je crois que nous devons savoir quels sont en Suisse les défis réels liés à l’IA pour déterminer les lacunes législatives», analyse-t-elle.
«Parallèlement à l’évolution de la législation, les entreprises travaillent à l’instauration de règles pour une approche responsables de l’utilisation de l’IA, poursuit-elle. Il est essentiel que les entreprises adoptent une démarche proactive.»
Jean-Stéphane Bron absent
Annoncé parmi les vétérans du Forum, présents à la première édition, Jean-Stéphane Bron a dû renoncer pour raisons familiales. Les participants le saluent.
Près de 1000 personnes
Le Forum des 100, 20e édition, a commencé. Il y a près de 1000 personnes dans la salle.
Début de la plénière
La plénière de la 20e édition du Forum des 100 débute au SwissTech Convention Center. Madeleine von Holzen, rédactrice en chef du Temps, entame son allocution d’ouverture en dressant une courte rétrospective de ces vingt dernières années à l'échelle du monde, puis de la Suisse.
Des cloches annoncent le début des débats
Nous avons beau être au cœur de la plus haute technologie et d’un vaste campus universitaire, l’appel se fait à la cloche. Les tintinnabulements résonnent dans le hall du Centre de congrès, les débats vont commencer.
Le hall se remplit
Sous un ciel assez gris dehors, les participants arrivent sur le campus lausannois, au Centre de congrès.
L’avenir du rail en question
Au petit déjeuner pré-Forum, au niveau supérieur du Centre de congrès, on s’interroge sur l’avenir du rail en Suisse.
«La hausse du trafic voyageurs va-t-elle remettre en question le fret?», demande un patron. David Fattebert, directeur des CFF pour la Suisse romande, le rassure: c’est un défi de gestion du flux sur le réseau.
Les Romands ont quelque utilité
Dans son éditorial, Madeleine von Holzen s’interroge sur la thématique du forum. Elle note que «la Suisse romande, surtout, cultive son ouverture sur l’étranger. Même si l’Europe a perdu de son lustre depuis la grande fracture du vote contre l’Espace économique européen en 1992, le projet reste plus fortement ancré côté romand parce que l’urgence est d’autant plus grande que le marché est petit. C’est le besoin d’une région soumise à de multiples contraintes.»
Un seul canton romand? Non merci
L’idée revient périodiquement: faut-il fusionner des cantons pour atteindre des tailles plus conséquentes? Ou même, s’agissant de la zone francophone, réunir toutes les régions en une?
C’est non, et très clairement. Population et leaders d’opinion sont opposés à l’abandon des frontières cantonales, selon le sondage MIS Trend réalisé à l’occasion de ce Forum des 100.
Le stand est prêt
Au Centre de congrès de l’EPFL, les premiers arrivés prennent le petit déjeuner. Notre stand est fin prêt, et à côté se trouve le studio photo.
A quoi sert la Suisse romande?
De prime abord, la question peut paraître un peu naïve, gratuitement provocatrice. Mais à bien y réfléchir, elle se révèle plus subtile que prévu. A quoi sert la Suisse romande? A quoi sert cette enclave francophone nichée au cœur de l’Europe, cette anomalie culturelle dans un pays où le Röstigraben se renforce à chaque votation ou presque?
La question mérite d’être ponctuellement posée sur la table. Savoir à quoi l’on sert, c’est important quand on veut définir où l’on va. Difficile pourtant, dans le bouillonnement du quotidien, de tout arrêter pour philosopher. Et comme, malgré toutes leurs qualités, les outils d’intelligence artificielle ne répondent à cette interrogation que par de fades banalités sur l’importance de la diversité culturelle et la capacité d’innovation, Le Temps a décrété que cette question méritait bien une journée de réflexion. Ce sera donc le sujet qui traversera cette 20e édition du Forum des 100.
En vidéo – Léon Chappuis, influenceur transgenre, éduque de manière bienveillante
Bienvenue dans ce suivi
Marie-Amaëlle Touré, dans la salle, et Nicolas Dufour, en coulisses, vous raconteront les hauts fait de ce Forum, à l'heure de ces 20 ans, avec Cyril Zingaro, Magali Girardin et Anne Wyrsch pour les images.
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